Enquête auteurs : mobilisons-nous !

 

Retranscription de la vidéo de Denis Bajram, auteur, coordinateur des États Généraux de la Bande Dessinée :

« Chers confrères et consœurs : nous avons un problème. En effet, les États généraux de la bande dessinée ont relancé leur enquête auteur il y a maintenant trois semaines, mais, pour l’instant, nous n’avons atteint qu’un peu plus du tiers de nos objectifs de réponse. C’est TRÈS problématique.

Hélas, nous nous y étions un peu préparé, car nous savons bien que beaucoup d’auteurs et d’autrices sont démobilisés. Déjà parce que la crise qui touche la plupart d’entre nous est très dure. Ensuite parce que nous sommes beaucoup à avoir perdu une partie de nos illusions sur la lutte sociale.

Prenons par exemple le rapport Racine, résultat de l’engagement de nos États généraux de la BD et d’autres organisations d’auteurs, un rapport qui avait suscité beaucoup d’espoir. En ne suivant pas ses conclusions, les pouvoirs publics ont clairement donné l’impression de nous abandonner, hélas.

Mais accepter cela, se résigner à notre sort, ce serait la pire des idées. Soyons clair, répondre à l’enquête auteur des EGBD n’a pas pour but direct de gagner des combats.

Le premier but est de nous connaître nous-mêmes, nous les auteurs et les autrices. Dans cette période complexe, c’est important de pouvoir séparer ce qui est du domaine structurel de ce qui dépend de chacun d’entre nous.

Et, surtout, en comparant les résultats à ceux d’il y a dix ans, nous allons pouvoir étudier les évolutions sur le temps long, et même en déduire les tendances pour notre avenir… en particulier si rien ne devait changer, hélas. Espérons que ces résultats décideront enfin les pouvoirs publics à protéger réellement le futur des auteurs et des autrices.

Attention, si vous n’êtes pas assez nombreux à répondre à l’enquête, certains en profiteront pour en dénigrer les conclusions, soyez-en sûrs. C’est donc vous, aujourd’hui, qui avez les moyens d’empêcher cela. Répondez ! Dites votre vérité ! Dites votre réalité !

Mais surtout, emparez-vous de cette enquête, partagez-la sur les réseaux sociaux, insistez auprès de vos collègues pour qu’ils y répondent, et, si vous faites partie d’une organisation, demandez-lui de se mobiliser pour la cause. Il reste trois semaines pour inverser la tendance, mais soyez-en sûrs : votre futur dépend de votre capacité à vous engager aujourd’hui. »

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Grand entretien sur les EGBD 2025

L’émission Twitch On en a gros de l’Atelier virtuel est consacrée aux questionnements des auteurs de BD. Son numéro de septembre accueillait Benoît Peeters, Denis Bajram, Valérie Mangin et le sociologue Sylvain Aquatias pour parler des États Généraux de la Bande Dessinée et, en particulier, de l’enquête auteurs 2025.

 

 

Ouverture de l’enquête auteurs 2025 des États Généraux de la Bande Dessinée

Dix ans après la première édition, les États Généraux de la Bande Dessinée lancent une seconde enquête sur les auteurs et autrices. En effet, ils sont beaucoup à être très inquiets des évolutions de leurs pratiques et de leurs métiers. Il est donc temps de faire un nouveau constat précis de la situation, mais aussi et surtout de savoir ce qui a changé pendant cette décennie, en bien comme en mal.

Ce questionnaire s’adresse aux autrices et auteurs de bande dessinée, qu’ils soient professionnels, amateurs ou étudiants. Les EGBD veulent savoir qui ils sont et comment ils vivent, de la star reconnue mondialement à l’inconnu en devenir. Toutes les pratiques sont évidemment les bienvenues, du dessin au scénario, de la couleur au storyboard, du papier au numérique, de l’album classique au roman graphique en passant par le webtoon.

Ce questionnaire est ambitieux. Y répondre demande une vingtaine de minutes, mais c’est le seul moyen d’avoir un portrait riche et complexe de la communauté des autrices et auteurs de BD. Leur avenir dépend bien sûr de leurs créations, mais aussi de la compréhension que les acteurs économiques, culturels et institutionnels auront, grâce à cette enquête, de leurs pratiques et de leurs situations sociales et économiques.

Afin que personne n’hésite à donner une description parfaitement honnête de sa situation, l’étude a opté pour un formulaire de réponse totalement anonyme. Les EGBD veilleront, comme il y a dix ans, à ce que personne d’autre que des statisticiens n’accède à ces données.

L’enquête sera ouverte jusqu’au dimanche 19 octobre 2025, minuit.

Une première analyse des résultats devrait être présentée en janvier 2026, au moment du festival d’Angoulême. Des focus plus précis seront proposés par la suite.

Les EGBD remercient par avance les auteurs pour le temps qu’ils vont consacrer à remplir ce questionnaire.

Les États Généraux de la Bande Dessinée reviennent en 2025

Dix ans après la première, les États Généraux de la Bande Dessinée vont relancer une nouvelle étude sur la situation économique et sociale des auteurs et autrices de BD. Le bureau de l’association explique le pourquoi et le comment dans l’excellent podcast R2PI.

 

4e rencontres internationales de la bande dessinée

 

La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image organise la quatrième édition des Rencontres internationales de la bande dessinée, réunissant différents acteurs du secteur invités à débattre des problématiques professionnelles en cours. Sous le titre Bande dessinée : un patrimoine vivant : Histoire des arts, patrimonialisation et transmission, l’édition 2020 est consacrée au patrimoine de bandes dessinées. Nombre de places limitées : inscrivez-vous !

jeudi 2 et vendredi 3 avril 2020

Bande dessinée : un patrimoine vivant : Histoire des arts, patrimonialisation et transmission

en partenariat avec le Ministère de la Culture, les États Généraux de la Bande Dessinée, le réseau Canopé16, la communauté d’agglomération GrandAngoulême, la ville d’Angoulême, le Pôle Image Magelis et la Région Nouvelle-Aquitaine.

En cette année 2020 de la Bande dessinée, les Rencontres internationales de la bande dessinée, qui succèdent aux trois éditions des Rencontres Nationales de la Bande Dessinée lancées en 2016, se penchent sur l’une des questions les plus essentielles de l’histoire culturelle : celle du patrimoine. Le rapport La Bande dessinée, nouvelle frontière artistique et culturelle – 54 propositions pour une politique nationale renouvelée remis par Pierre Lungheretti avec la collaboration de Laurence Cassegrain au Ministre de la Culture en janvier 2019 proposait la mise en œuvre d’une politique nationale du patrimoine de la bande dessinée. Le préalable à l’établissement de cette politique nationale du patrimoine de la bande dessinée est la définition de ce patrimoine et des enjeux qui lui sont liés, en tant que biens très largement partagés et qui influent sur la constitution d’une identité culturelle collective.
Cette notion de patrimoine soulève la question du statut même de la bande dessinée au sein de l’histoire des arts. Patrimoine vivant, en permanente évolution créative et technique, de quelle manière la bande dessinée entre-t-elle dans les collections des musées et des bibliothèques ? Et comment rendre accessible ce patrimoine in vivo pour en assurer une meilleure transmission et une plus large diffusion ? Quels rapports les créateurs entretiennent-ils avec la patrimonialisation de leur travail et quels équilibres convient-il d’observer entre collections publiques et privées, archives d’éditeurs et dons d’auteurs, politique d’acquisition et marché de l’art ? Par quels moyens et selon quels axes étudier ce patrimoine transdisciplinaire et protéiforme, pour en développer une meilleure connaissance, mieux le conserver et surtout, davantage le transmettre ?

Ce colloque interdisciplinaire et international a pour objectif de rapprocher et confronter les points de vue et les approches, en incluant également la question de l’innovation et des humanités numériques. Pendant ces deux journées de rencontres, seront abordées non seulement les méthodes, pratiques et outils, mais aussi de nouvelles approches théoriques et analytiques qui permettront de renouveler entièrement la perception et le traitement du patrimoine de la bande dessinée.

En ce sens, on pourra s’interroger sur la nature spécifique de la bande dessinée, et ce que celle-ci permet de repenser au profit d’un renouvellement de la notion générale de patrimoine au XXIe siècle. Quel peut être l’intérêt de la bande dessinée par rapport aux approches patrimoniales traditionnelles du point de vue muséographique, ethnologique, littéraire, linguistique ? De quelle manière la bande dessinée peut-elle contribuer à un développement plus démocratique du patrimoine culturel matériel et immatériel, et comment cet apport peut-il s’organiser à une échelle internationale ? Avec quels enjeux ?

Jeudi 2 avril

  • 9h00-9h30 Allocution d’accueil par Pierre Lungheretti, directeur général de la Cité
  • 9h30-10h15 Patrimoine et bande dessinée : Introduction par Marie-José Mondzain
  • 10h30-12h00 Etudier le patrimoine de la bande dessinée : les enjeux de la recherche sur un corpus culturel : Table ronde avec Marc Monjou (Eesi), Pascal Robert (ENSSIB), Frédéric Chauvaud (Université de Poitiers), Adrien Genoudet (Entre-temps / Collège de France)
  • 12h00-13h00 Construire un patrimoine de la bande dessinée : résistances et innovations : Table ronde avec Jean-Marie Compte (BnF), Service du livre et de la lecture, Direction des musées de France (Ministère de la Culture), Anne-Héléne Hoog (CiteBD), et autres intervenants non encore confirmés.
  • 14h00-14h30 Vers un meilleur usage du numérique – Présentation de la base de données MediaBD par Jean-Paul Gabilliet (chef de projet Mediabd)
  • 14h30-15h00 Bande dessinée et histoire de l’art : quelle place pour la bande dessinée par Eric de Chassey (INHA)
  • 15h00-16h30 Comment collectionner la bande dessinée ? Critères de distinction, généalogies et transmission : Table ronde avec Annette Gehrig (Cartoon Museum Basel), Carine Picaud (Bibliothèque nationale de France) et autres intervenants non encore confirmés
  • 17h00-18h30 Transmettre : quels usages du patrimoine de la bande dessinée ?
    table ronde avec Sébastien Gokalp (Musée national de l’histoire de l’immigration), Stephane Baujean (FIBD), Zeev Gourarier (Musée des arts forains), Yannis Koikas (BNF), Emilie Salaberry (Musée des Beaux-arts d’Angoulême).
  • 18h30-19h00 Conclusion de la première journée
  • 19h00 Cocktail et soirée

Vendredi 3 avril

  • 9h00-10h30 Les auteurs face à l’Histoire – faire vivre le patrimoine par la création contemporaine : Table ronde avec Antoine Ozanam, Ferri, Samuel Lévêque (Citebd)
  • 10H45-12H30 Editeurs et auteurs : le patrimoine en construction : table ronde avec T. Groensteen (Actes Sud/ L’an 2), F. Boilet, Julien Papelier (Dupuis), et autres intervenants non encore confirmés
  • 14h00-14h30 Jean-Pierre Dionnet : mes moires de la bande dessinée
  • 14h30-16h00 Collectionner : l’art et la passion
  • 16h00-17h00 Conclusion : la bande dessinée fait-elle patrimoine ? par Aurélien Bellanger et Jean-Pierre Dionnet

La participation à ces journées d’étude est gratuite sur inscription (recommandée en raison du nombre de places limité).

pour s’inscrire :

Retraite des auteurs : agir !


Avec la réforme des retraites, les artistes-auteurs pourraient bien perdre encore près de 13% de leurs revenus, voire 17% pour les auteurs et autrices du livre.

La Ligue des auteurs professionnels a proposé aux autres organisations professionnelles concernées d’aller au-delà des discussions en cours avec les pouvoirs publics et de lancer une grande campagne pour éviter la catastrophe aux artistes-auteurs.

Dès aujourd’hui, les États Généraux de la Bande Dessinée, aux côtés des autres organisations, vous demandent d’écrire à vos députés et sénateurs pour les mettre au courant du danger et obtenir leur soutien. La démarche est simplifiée au maximum, tout est regroupé sur un site au nom explicite : extinction-culturelle.fr. Vous y trouverez un modèle de courrier et les liens pour récupérer rapidement l’adresse de vos parlementaires. Et, bien sûr, des explications complètes sur ce qui menace les créateurs avec la réforme des retraites.

Partagez cette adresse sur les réseaux sociaux, accompagnez-la de témoignages, de dessins, de photos… Utilisez les hashtags #payetaculture et #payetonauteur. Auteurs, autrices, artistes, lecteurs, lectrices, citoyens et citoyennes, nous comptons sur vous pour protéger la création en France.

Rapport Lungheretti sur la BD et discours du Ministre de la Culture : de grands enjeux pour les auteurs

Communiqué commun du SNAC BD et des États Généraux de la Bande Dessinée

Durant le festival d’Angoulême 2019, un très ambitieux rapport a été remis au Ministre de la Culture. À la suite des mobilisations du syndicat des auteurs SNAC-BD et des travaux des États Généraux de la Bande Dessinée (voir l’historique ci-dessous), Pierre Lungheretti, directeur de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, avait été chargé de mener une mission de réflexion sur la politique nationale en faveur de la bande dessinée. Ce rapport vient notamment donner corps à la prise de conscience de la situation des auteurs de BD par les pouvoirs publics. Espérons qu’il permettra, enfin, de commencer à déployer des solutions concrètes. Dans le discours qui a suivi, le Ministre de la Culture a validé les premières recommandations du rapport et a défini sa politique pour la Bande Dessinée.

Le rapport Lungheretti

Épais de 115 pages (et 45 pages d’annexe), c’est un imposant travail qui compile et met en perspective de nombreuses données. Il est surtout le résultat d’entretiens avec plus de 200 personnes. Après un état des lieux, le rapport s’intéresse au marché de la BD, aux limites actuelles de sa reconnaissance institutionnelle et à la question du patrimoine.

Un long chapitre est en particulier consacré aux créateurs sous le titre : la situation précarisée des auteurs exige une mobilisation collective. Il relève bien les spécificités du travail des auteurs de BD, soulignant la fragilisation de leur situation et la baisse de leurs rémunérations. Il réfléchit à comment améliorer la confiance entre les auteurs et les éditeurs, mais aussi à comment permettre aux auteurs de mieux connaitre leurs droits. Il étudie les moyens de renforcer le rôle des collectivités territoriales.

Passionnant et clair sur la situation précaire des auteurs, il donne lieu à des recommandations fortes que SNAC et EGBD ne peuvent qu’approuver. Entre autres, pour le citer :

  • « Il est indispensable qu’une méthode de concertation interministérielle puisse être définie avec les instances représentatives d’auteurs. »
  • « Il est […] indispensable de s’interroger sur le périmètre des activités artistiques des auteurs qui doivent donner lieu à des revenus artistiques sous la forme de droits d’auteur. »
  • « Il serait souhaitable que le CNL puisse inclure dans le conditionnement de ses aides aux festivals et manifestations littéraires la rémunération de la présence d’auteurs. »

Le rapport prend aussi acte des propositions de la Ligue des auteurs professionnels dont le SNAC et les EGBD sont cofondateurs au côté de la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse :

« La réflexion en cours portée par la Ligue des Auteurs Professionnels […] mériterait de faire l’objet d’un débat approfondi et d’être intégrée à une réflexion globale sur le statut des artistes auteurs. Le projet de la Ligue des Auteurs Professionnels est d’apporter des éléments de propositions à cet égard, en insistant sur la prise en compte de la professionnalisation de l’activité des auteurs. »

Le rapport fait surtout 54 propositions précises, argumentées et chiffrées quand c’est possible. Le SNAC et les EGBD retiennent en particulier, même si toutes méritent d’être étudiées avec attention :

  • N°8 : Conditionner les aides publiques aux éditeurs à un code des usages auteurs/éditeurs.
  • N°9 : Instituer une méthode de concertation entre les différents ministères concernés par les réformes du régime social et les organismes représentatifs des auteurs.
  • N°10 : Envisager un nouveau régime des revenus accessoires permettant l’augmentation du volume autorisé compte tenu de la demande croissante d’interventions de médiations d’auteurs.
  • N°11 : Conditionner les aides publiques aux festivals à la rémunération des auteurs pour leur présence et à un équilibre hommes/femmes parmi les auteurs invités.
  • N°13 : Renforcer l’offre de formation continue des auteurs.
  • N°17 : Créer un programme d’aide centré sur l’émergence pour structurer des parcours d’auteurs et favoriser l’insertion des jeunes auteurs sortant des écoles.
  • N°23 : Élaborer un code des usages entre éditeurs, auteurs et libraires pour améliorer certaines pratiques dans le prolongement de l’accord de juin 2017 et pour équilibrer le rythme de parution des nouveautés tout au long de l’année.
  • N°52 : Fiabiliser le marché des planches originales.
  • N°53 : Renforcer l’information juridique et fiscale auprès des ayants droit d’auteurs pour favoriser les dons et les dations de fonds d’auteurs.

Auteurs, lisez ce rapport, il vous permettra de découvrir l’ampleur des enjeux qui vous concernent.

 

Franck Riester, Ministre de la Culture, Pierre Lungheretti, directeur général de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, et Denis Bajram, vice-président de la Ligue des auteurs professionnels, coordinateur général des États Généraux de la Bande Dessinée et pilote au SNAC BD.

Franck Riester, Ministre de la Culture, Pierre Lungheretti, directeur général de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, et Denis Bajram, vice-président de la Ligue des auteurs professionnels, coordinateur général des États Généraux de la Bande Dessinée et pilote au SNAC BD.

Le discours de Franck Riester, Ministre de la Culture

Lors du discours qui a suivi la remise du rapport, Franck Riester, Ministre de la Culture, a confirmé son intention d’avancer vite. 2020 sera donc l’année de la bande dessinée. « Ce sera l’occasion de multiplier les expositions, les colloques et les commandes publiques, sur tout le territoire et à l’étranger ; de donner à la BD reconnaissance et visibilité, durant toute une année. L’organisation de cet évènement sera confiée au Centre national du Livre, en collaboration avec la Cité internationale »

Il a surtout conclu son discours par une longue intervention au sujet des auteurs. « Je suis également venu vous parler d’une question que je ne peux ignorer. Qu’aucun de nous ne peut ignorer. Celle de l’avenir des auteurs de bande dessinée. » Évoquant la réussite économique de la Bande Dessinée, il conclue « Cependant, ne nous y trompons pas : derrière ces chiffres, se cachent aussi beaucoup d’interrogations des auteurs, sur leur métier, leur quotidien, leur précarité. J’en suis pleinement conscient. J’ai entendu leurs préoccupations lors de nos échanges, et par la voix des États généraux de la Bande Dessinée. »

Il a précisé que l’État tirerait les conclusions des études, dont la dernière en cours sur la littérature jeunesse : « Les solutions relèvent principalement de la responsabilité de la chaîne du livre. Néanmoins, si l’État doit jouer son rôle de médiateur, il le fera – comme il l’a fait, par le passé. »

Puis il est revenu sur les réflexions en cours sur la réforme du régime social des artistes-auteurs. Il a affirmé qu’ « elles feront l’objet d’une concertation effective » et qu’il souhaitait que les services de l’État puissent travailler avec les auteurs sur ce dossier. « Un groupe de travail sera installé à cet effet prochainement. »

Enfin, il a répondu à la demande que lui avait fait la Ligue des auteurs professionnels lors qu’elle avait été reçue au Ministère : « J’ai par ailleurs décidé d’engager une réflexion plus large sur le statut du créateur, afin de redéfinir sa place économique, sociale et culturelle », précisant qu’elle aurait lieu dès cette année. « Les artistes-auteurs et l’ensemble des acteurs culturels y seront pleinement associés. »

Le temps est toujours trop long entre la montée d’un malaise social et les solutions qui lui sont apportées. Après cinq années de mobilisation et de travail, Le SNAC-BD et les EGBD veulent croire que les pouvoirs publics mettront en œuvre le plus possible des propositions du rapport Lungheretti. Ils espèrent aussi que tous les acteurs du milieu de la Bande Dessinée comprendront enfin, à sa lecture, les enjeux et les risques pour l’avenir du 9e Art.

 

Le SNAC-BD et les EGBD remercie le Ministre de la Culture, Frank Riester, d’avoir pris en main rapidement et volontairement ce sujet. Ils attendent de lui qu’il fasse tout pour que d’ici 2020, année de la Bande Dessinée, les pouvoirs publics suivent le chemin tracé par le rapport.

Le SNAC-BD et les EGBD tiennent enfin à remercier Pierre Lungheretti pour son implication et sa disponibilité comme pour la qualité et l’ambition de ce rapport.

 

Rappel historique

Cela fait déjà cinq ans que les auteurs de Bande Dessinée sont mobilisés au sujet de leur condition sociale et économique. En 2014, la retraite complémentaire des artistes-auteurs, le RAAP, annonçait une très forte augmentation des cotisations. Ce sont les créateurs de bande dessinée qui, avec leur syndicat, le SNAC BD, ont signifié les premiers leur opposition à une réforme incompatible avec leurs revenus souvent déjà trop faibles. Lors du festival d’Angoulême 2015, la première manifestation de l’histoire de la BD rassemblait 500 auteurs dans la ville.

Ce mouvement social fut accompagné par la création des États Généraux de la Bande Dessinée, qui avait pour but d’étudier la situation, en commençant par celles des auteurs, et d’essayer de créer un lieu de concertation de tout le milieu de la BD. L’enquête statistique des EGBD réalisée durant le dernier trimestre de 2015 et dévoilée lors du festival d’Angoulême 2016 allait montrer que la situation des auteurs était encore plus alarmante que prévue : 53% des 1500 répondants avaient un revenu inférieur au SMIC annuel brut, 36% étaient déjà sous le seuil de pauvreté, chiffre se montant à 50% pour les femmes. L’évolution des revenus sur trois années montrait une tendance à la baisse de 2% par an.

La Cité de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême apporta son appui aux auteurs en portant cette question lors de la première édition des Rencontres nationales de la bande dessinée en septembre 2016 et en signant avec les EGBD une convention trisannuelle. Grâce à tout un travail de pédagogie, à de nombreuses rencontres et à la mobilisation sans faille du SNAC BD, la presse offrit enfin un large écho à la situation des auteurs lors du festival 2017 qui participa à ce que Françoise Nyssen, Ministre de la Culture demande à Pierre Lungheretti, directeur de la Cité, de mener une mission de réflexion sur la politique nationale en faveur de la bande dessinée.

 

Publication du constat de la Ligue des auteurs professionnels

Les auteurs de livres ne possèdent pas vraiment de statut professionnel. Pourtant leur travail alimente une filière de plus de 80 000 personnes, des éditeurs aux libraires.

Ils sont les créateurs, ceux sans qui rien n’existerait, et pourtant ils restent la variable d’ajustement : la moitié d’entre eux vit avec moins que le smic.

Leur situation ne cesse de se dégrader. Les gouvernements successifs, sans y prendre garde, malmènent les auteurs, les placent dans des cases inadaptées, augmentent leurs cotisations au moment où leurs revenus baissent.

La propriété intellectuelle est un enjeu majeur du XXIème siècle et la France ignore ses auteurs. Le déclin de la création littéraire aura des répercussions sur l’ensemble du secteur culturel : c’est aussi un choix de civilisation.

Un constat détaillé, précis, de la situation a été dressé par la Ligue des auteurs professionnels. Il est dès maintenant disponible en ligne et en téléchargement.

Le communiqué de presse de la Ligue :

La Ligue des auteurs professionnels

Ce 6 septembre 2018, à la Maison de Balzac à Paris, se sont rassemblés auteurs et organisations d’auteurs pour fonder la Ligue des auteurs professionnels. Les États Généraux de la Bande Dessinée avaient pris acte cette année des limites de la démarche entreprise depuis 2014 et s’étaient investis dans les États Généraux du Livre.

Aujourd’hui ils sont, avec la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse et les auteurs fondateurs, à l’initiative de cette nouvelle étape dans la défense des auteurs. La première mission que s’est assignée la Ligue, au moment où les pouvoirs publics réforment le statut social et fiscal des auteurs, est de travailler sérieusement à améliorer ce statut, qui est actuellement aussi fragile et que partiel.

Vous pourrez d’ores et déjà l’activité de la Ligue des auteurs professionnels sur son site ligue.auteurs.pro.