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Interview : « Le monde de la Bande Dessinée a besoin d’un projet »

Entretien avec Denis Bajram pour Comixtrip.fr par Thierry Soulard.

L’auteur des séries Universal War est devenu le porte-parole officieux de la grogne des auteurs de bande dessinée. Pourquoi les auteurs sont-ils en colère ? Quelle est la situation du monde de la bande dessinée aujourd’hui ? Quelles sont les réflexions engagées sur le sujet ?

Pouvez-vous résumer les problèmes actuels du monde de la Bande Dessinée ?

Denis Bajram : C’est une pièce en plusieurs actes. Tout dépend où l’on commence. Le gros déclencheur, récemment, a été l’annonce de la réforme du régime de retraite complémentaire des artistes et auteurs professionnels (RAAP). On doit passer d’une cotisation qui jusque-là était basée sur des tranches volontaires, à une perception obligatoire de 8% de nos revenus. En clair, pour beaucoup, c’est la perte d’un mois de revenu complet tous les ans ! Ça a secoué pas mal d’esprits. La section BD du Syndicat National des Auteurs Compositeurs (SNAC) avait tenté de mobiliser sur d’autres problèmes depuis pas mal de temps, mais d’un coup la réforme du RAAP a été le gros déclencheur. Un mois de salaire perdu, pour n’importe qui, ce serait inacceptable. Mais il s’avère que ce n’est pas une première. Les auteurs se sont déjà fait avoir sur la TVA en 2014 : elle avait été à un moment augmentée pour le livre puis, suite à la pression des éditeurs, avait été rabaissée ensuite pour tout le monde… sauf pour les auteurs. Ce qui fait qu’on se retrouve depuis un an à payer 0,80% de TVA sur les revenus de notre travail. Ça peut paraître peu, mais à force de nous prendre quelques pour cents de plus tous les ans, cette succession de prélèvements va finir par assommer un métier qui est déjà à genoux. Car la bande dessinée a de nombreux problèmes. Le principal est la multiplication du nombre de titres présents sur le marché. Je n’utilise pas le terme « surproduction » volontairement : pour moi, il n’y a pas de surproduction dans l’absolu, toute BD est bonne à être publiée, s’il y a des gens passionnés qui ont envie de la faire. Le problème actuel, c’est qu’il y a saturation commerciale : il y a trop de titres sur les tables des libraires. La conséquence, c’est qu’il devient très difficile de faire de la nouveauté, vu qu’elles sont noyées dans le bruit de fond. Et très difficile de rendre visibles ces nouveaux albums. Quand j’ai commencé, il y avait 700 nouveautés par an. Maintenant, il y en a entre 3.000 et 5.000, selon les estimations. Le chiffre d’affaire global a cru, mais pas tant que ça. Ça veut dire que la part de marché de chacun a diminué. Ce ne sont pas tant les best-sellers qui sont touchés : c’est la middle class qui a été laminée, ceux qui vivaient moyennement de la BD. Ils se retrouvent beaucoup plus nombreux à partager le même gâteau. Inévitablement, ça fait s’écrouler le prix des planches, les ventes… Et à la fin, on se retrouve avec la moitié de la population de la bande dessinée qui ne gagne même pas l’équivalent d’un SMIC. […]

Ouverture des EGBD à Angoulême

Les organisateurs des États Généraux de la Bande Dessinée ont été conviés par le Festival International de la BD d’Angoulême à monter sur scène le 27 novembre lors de sa traditionnelle conférence de presse parisienne. Elle se tenait, cette année, à la Maison de la Culture du Japon en présence de nombreux journalistes, partenaires et invités.

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Franck Bondoux, délégué général du FIBD, a présenté les raisons de l’engagement du festival aux côtés des États Généraux. Il a aussi annoncé l’adhésion du festival à l’association des EGBD.

Benoît Peeters, président des EGBD, a présenté le projet, ses origines et ses buts. Puis Denis Bajram, coordinateur général, a annoncé que ce serait pendant le festival d’Angoulême que seraient lancés officiellement les EGBD.

Cette session d’ouverture des États Généraux de la Bande Dessinée se tiendra vendredi 30 janvier 2015 de 10h00 à 12h00  au Théâtre d’Angoulême. Dans le cadre solennel des 700 places de la grande salle seront présentés les acteurs et le programme de travail des États Généraux.

Les organisateurs des EGBD ont terminé leur intervention en remerciant le Festival International de la BD d’Angoulême pour toute l’aide et les moyens mis à leur disposition pour cette session d’ouverture.

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Nous vous communiquerons un complément d’informations pratiques sur l’événement dès que possible.

Première annonce des EGBD

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C’est lors de la rencontre publique organisée par le groupement BD du SNAC pendant le festival Quai des Bulles à Saint-Malo que les États Généraux de la Bande Dessinée ont été annoncés pour la première fois. Cette réunion d’information avait pris une importance particulière suite à l’appel au débrayage lancé par le syndicat des auteurs de BD. Celui-ci tenait à finir cette rencontre inédite, très axée sur les menaces qui pèsent sur les revenus des auteurs, par une note positive, en présentant un projet d’avenir. C’est donc à la demande du SNAC que le coordinateur des États Généraux de la BD, Denis Bajram, a présenté le projet des États Généraux.

Le grand succès de cette réunion auprès des auteurs a démontré la volonté de ceux-ci de prendre collectivement en main leur destin. La présence de plusieurs dirigeants de maisons d’édition a prouvé l’attention que ceux-ci accordent à la situation. De bien bons présages pour les États Généraux de la BD !

La video de la réunion (la présentation des EGBD est à 15:30) :